Gossow

Conneries.

Mercredi 6 avril 2011 à 12:23

"Il y a quelque chose qui existe tout de même, je crois, chez les adolescents, quelque chose qui n'a pas changé, c'est leur préférence pour l'amitié. La croyance de l'amitié existe et je crois que c'est quand ils perdent ça qu'ils n'ont plus rien du tout. Seul l'amitié leur rend la vie vivable.
Comme dans tous les romans que nous avons cités, cette recherche de l'amitié un peu passionnée pour un semblable n'a pas changé. Cet échange individuel est certainement toujours recherché, peut-être plus tenu en échec, peut-être moins souvent satisfait, mais toujours désiré. Ceux qui sont le plus en péril, en dérive, qui se jettent le plus dans le collectif, sont peut-être ceux qui n'ont pas trouvé cette amitié ou qui ont été trahis une fois ou deux.
Je suis toujours très frappée quand cette question est posée à un enfant qui est en difficulté, un adolescent, mais même un enfant de sept ou huit ans, quand on le voit n'avoir envie de rien. Il y a des enfants qui sont déjà comme ça, il faut dire que ce sont souvent des enfants de parents divorcés, séparés. « Mais par qui as-tu été trahi ? » Pas par leur parents. Par un camarade. Et à cause de cette trahison par un camarade ou par une camarade, que ce soit fille ou garçon, la blessure provoquée s'agrandit par la séparation de leurs parents qui leur reste inexplicable. Ils ne comprennent rien au fait qu'ils sont fuis, qu'ils sont trahis par un camarade qu'ils aiment ; si cela arrive une deuxième fois, ils pensent : « On me fait ça parce que je ne suis rien. » Ils n'ont plus confiance en eux-même. Ce sentiment existe déjà dans l'enfance, mais c'est encore plus fort chez l'adolescent qui se sent trahi par un camarade, justement du même âge que lui et dont il croyait qu'il était au même niveau de fidélité que lui dans l'amitié. Il s'agit d'amitié amoureuse sans réalisation physique. Bien que sujet à des pulsions qui naissent dans la transformation physiologique de l'adolescence, les jeunes ne sont pas encore en vue d'une consommation sexuelle. L'amitié est quelque chose de beaucoup plus sacré pour eux. Quand on n'a qu'un ami et qu'on a plus confiance en soi, à cause d'une trahison préalable quand on était enfant, le choc est terrible. On a pu attendre la puberté en se disant : « Quand j'aurai cet âge-là, je me ferai de vrais amis. » Et voilà que l'on découvre que c'est impossible. On avait attendu la puberté, sans se décourager complètement, et à la puberté, la trahison par l'être élu vous laisse désespéré.
L'amitié déçue est la plus grande épreuve de la puberté.
"


Françoise Dolto, La cause des adolescents.













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Samedi 23 avril 2011 à 1:37

Va savoir pourquoi j'ai mis cet article dans la catégorie "bonheur". Je ne suis pas heureuse. Je n'y arrive pas. Pourtant...





Tout comme Jonathan et Madeline, je suis intriguée, et obsédée par cette Alice Dixon (ou devrais-je dire, Alice Kowalski ?). Cette histoire me turlupine, je n'en peux plus, je me crève à dévorer chaque mot que ce cher Guillaume Musso a écrit sur son tout nouveau Notebook, probablement de cette marque que désormais, le monde entier connait, et qui a pour nom, le surnom de New-York. Evidemment, quand on écrit un livre, surtout lorsque c'est Musso, le hasard devient de l'art, et les coïncidences deviennent un régal dont je ne peux pas me passer. Aucun Kinder ne peut remplacer ça. Et, comme un rituel, c'est du Coldplay qu'il y a dans mes oreilles lorsque je lis un livre de cet homme. Là, c'est Law. En boucle, depuis déjà deux heures, parce que je suis trop absorbée par Alice, Francesca, George, Raphaël, Madeline, Jonathan, Jim, Marcus, Charly, Takumi et leurs mondes, pour prendre le temps d'appuyer sur un bouton sur mon portable.
Cela me permet aussi de penser à autre chose. Ca me permet d'oublier de regarder si les S sont devenus des R. Ca me permet d'arrêter de regarder mon portable à chaque seconde, pour voir si un tant espéré message de femme ne serait pas venu sans que je me rende compte. (Même si, à la fréquence à laquelle je vérifie, c'est strictement impossible.)
Entre deux Law, j'ai entendu mon père rire. Oui, deux ans, presque jour pour jour, après sa rupture avec ma mère, mon père rit à nouveau avec une femme. Moi, je prends le petit-dèj avec eux.
Je vois bien dans le regard de mon père, lorsqu'il me regarde, qu'il est gêné, troublé. Je suis sûre qu'un soupçon de culpabilité l'habite lorsque nos regards se croisent. Il goute à nouveau au bonheur, quand moi je perds pied. Il se crée de nouveaux repères quand je perds les miens. Il entame une stabilité quand la mienne est compromise. Si j'étais à sa place, en face de mon enfant, je ressentirai la même chose, je le sais. Mais, je suis à ma place, et je ne veux pas que son bonheur soit gâché par ma peur. Peur de revivre la distance. Mais la distance qui risque de tomber n'a strictement rien à voir avec notre bon vieux Nice-Paris, si bien connu sur ce blog. Non, cette fois, nous ne serions pas séparées par des rails, et 100 balles. Cette fois, ce sera l'avion, 500 voir 600€, une langue étrangère, un pays étranger, un océan entre nous. Et je ne veux pas de ça. Je ne veux pas avoir souffert pendant un an, pour finalement retrouver le bonheur, si c'est pour le reperdre aussi vite. Comment pourrais-je m'en sortir ?
Comment pourrais-je vivre, sans elle à mes côtés ?
Comment fais-je aujourd'hui pour dormir dans notre lit, sans elle ?
Comment fais-je aujourd'hui pour parler d'elle en souriant, alors qu'à chaque seconde, je ravale des sanglots et des larmes ?
Je ne fais pas. Je ne dors pas depuis que je me suis réveillée sans elle ce mercredi. Il me semble avoir dormi une dizaine de minutes chez ma meilleure amie le lendemain. Mais pour les deux jours suivants ?
J'ai le bac dans moins de deux mois, et je ne me sens plus capable de réviser. Je n'ouvre pas un cahier, ne regarde pas une feuille, ne jette pas un oeil sur mes fiches. J'ai une semaine de bac blancs qui commence mardi. Je n'ai rien lu, rien fait. Rien fait depuis que ma vie est en péril. Je m'en contre-fiche. J'en ai même, à vrai dire, rien à branler. Rien à branler du bac blanc, rien à branler du bac. Rien à branler de la fac, rien à branler de la psychologie, rien à branler de Descartes, Diderot, Nanterre, Saint Denis. Rien à branler de ce que la vie peut m'apporter, si ce n'est elle. Des années que je me cramponne à la vie, comme la seule chance de faire qu'un feu être subsiste à travers les esprits, les mémoires, les lignes, les larmes. et pourtant je perds pied au moindre risque de rechute.
Sur le coup de la colère, je lui ai dit que je n'irai jamais plus à Nice. Jamais à Bogota, jamais à Miami. Jamais plus les voir. C'est faux. Et je m'en veux. Et elle aussi sûrement. Peut-être lira-t-elle ces lignes, va savoir. Elle ne vient guère souvent ici, ces temps-ci. Si tu lis ça, sache que c'est faux, mon Amour. Je te suivrai n'importe où. A New-York autant qu'au Kossovo. Rien ne me fais peur, si je suis avec toi. Notre chat qui baille me ferait hurler en ton absence. Sais-tu qu'elle délaisse totalement sa couverture, l'armoire, et le bout du lit, et n'accepte de dormir que sur ton oreiller ? Obligée de m'en priver, je lui cède ton oreiller, et recouvre son mince petit corps de chaton de ta couverture. C'est elle qui a droit à ton odeur. Pas même moi. De toutes façons, moi, j'ai les larmes faciles depuis que tu n'es plus là. Il suffit que j'ouvre une petite bouteille dorée, pour que les larmes, les sanglots, la peur, la douleur et le manque s'engouffrent en moi aussi subitement que les coups de sifflet des contrôleurs sur les quais de gares, qui rythmaient notre vie autrefois.
Cet article se transforme en lettre. Malheureusement, ceci est personnel les amis. Je vais m'arrêter là.
Il y a quand même des choses heureuses en ce moment, voyons. Comme.... L'appel de l'ange, de Guillaume Musso. C'est d'ailleurs ça qui m'a poussée à venir écrire ici. Le lire me donne envie d'écrire. C'est pour ça que j'aime ses mots. Je vais donc vous laisser, et retrouver ma lecture, en attendant l'appel de mon Ange, qui me dira "Je suis à Paris !" Et même à cet instant heureux, je sais que j'aurais envie de pleurer.







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(PS: Ceci n'a strictement rien à voir, mais je suis heureuse d'avoir enfin pu te voir, Stina !)

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